Texte créé pour l'introduction à la table ronde «Histoires et mémoires LGBTIQ+: imaginer l’archive du futur» organisée par Agenda 21 et la Maison de l’Histoire de l’Université de Genève en collaboration avec l’association Lestime et l’Institut des Etudes genre, le 19 octobre 2021 à l'université des Bastions à Genève.
Archives LGBTIQ
Dépoussiérer des poussières de soi
Rassembler les miettes, d’expériences dégustées
Garder en tête la recette pour mieux inspirer
Laisser des traces comme des archives de soi
Laisser des traces comme des possibilités d’existence
De reconnaissance, d’espoir
Ancrage de révolution
Balise de mémorisation
Pour de futures générations
Pourquoi se mettre en boîte ?
Quand on est fluide, liquide, protéiforme
Pourquoi se mettre en boîte, en capsule quand
Dans nos vies on a été poussé-e-x-s dans
des cases arbitraires
des placards sans lumières ?
Est-ce que se ranger, se labelliser, s’étiqueter
C’est revenir à se ranger genrer ranger genrer ?
Infos éparses à rassembler
Les paillettes de possibles
D’ouverture d’horizons
Éparses déconsidérées
Oubliées
Silenciées
Invisibilisées
Cachées
Cassées
Couvertes
Possible Découvertes
Recenser, valoriser, faire exister
Archives vivantes
Archi Vivantes
Traces, comme une ombre qui passe
Comme un reflet qu’on n’est pas sûr de reconnaître
Comme un souffle, un murmure que l’on ne peut nommer
Traces comme un souvenir collectif à se remémorer.
Nous sommes des archives vivantes
Nos conditions d’existences faites
des révolutions d’autres générations
Incorporées dans notre sein, dans nos mains,
Dans nos possibilités d’imaginer un lendemain.
Incorporer l’histoire
L’histoire déjà incorporée
Sans le savoir.
A partir de quand un vécu devient archives ?
Archives immatérielles
Est-ce irréel ?
Evénement postés en ligne,
Sur réseau en toile
Relié par des connexions
Internet
Des filets de liens
Des photos sur écran
Des gouffres remplis
d’évenements facebook passés
de stories instagram fragmentées
Existe-t-il un cimetière
Une étagère pour tous ces événements
Mis en lumière
Sur réseau non millénaire ?
Faut-il soutenir des archives immatérielles ?
Pour des évènements qui n’existent plus que sous forme de pixels
De dossiers informatiques, formats jpeg, mp3, wma,
Explosés sur multiples supports personnels
Pourquoi le fait de créer des archives me semble laborieux ?
Pas mon intérêt en premier lieu
Pas d’urgence à garder des événements qui viennent de se passer ?
Je les sens encore vibrants en moi, récents en soi
Préférer créer de nouvelles expériences plutôt que d’archiver
Aller vers l’avant, mémoire vive
Mémoire active et collective.
Et soudain
si ému-e de lire, de voir, de toucher
Des traces insoupçonnées laissées par des ainé-e-s.
Je crois que c’est une histoire de conscience
Ne pas avoir conscience
Prendre conscience
De l’absence possible, probable,
Que ce que je vis, tu vis, on vit,
Risque de tomber dans l’oubli
Jamais reproduit
Ou alors réinventé comme une nouvelle idée
Parce que des choses se doivent d’exister.
Des lieux pour se rencontrer
En dehors des cases normées.
Des lieux pour créer des futures
Dessiner des lignes de possibles
Jouer, déjouer
Le discours dominant,
Les discours étouffants.
Les débat sur notre existence
Comme si c’était juste une histoire de mode, de tendance
Alors que la tendance a été
de forcer une binarité
Sur des identités multiples
À rebinariser
À classer
Mode opératoire colonial et patriarcal
Diviser pour mieux régner
Pour mieux hiérarchiser.
Pour calquer nos corps, nos identités
Sur un discours scientifique médicalisant
Simplifiant l’identité, l’orientation des gens,
Calquer nos vies sur des théories
Au lieu de théoriser sur la puissance
De la multiplicité, de l’infini.
Discours majoritaire
Discours binaires
Mémoire patrimonial
Niant la possibilité salutaire
De reconnaitre des visions
Hors d’une division binaire
Au nom du pater
Du paternalisme.
Ne pas taire aujourd’hui
Visibiliser, reconnaitre,
C’est faire naitre des possibilités
C’est valoriser un passé,
C’est déterrer des forces insoupçonnées.
Il est important de ne pas laisser une voix
Se porter en vérité,
encrer des vécues dans
des manuels d’histoire, des récits tronqués.
Parce que l’Histoire
c’est comme celles que l’on se raconte
c’est subjectif, c’est polyphonique,
c’est un dialogue.
Et aujourd’hui on a un espace pour en discuter.
Bonne soirée !