Remué-e
Quand tu as trop pensé tes plaies
c'est l'effet mère qui te rattrape
brisant tel un cri solide
les liens profonds qui t'enserraient.
Remuée pour mieux muer
tu avances tête levée
essayant de lâcher prise
ébrouant tes idées grises.
Une envie de verdure
de feuilles où les vers durent
empruntant les chemins des champs,
impossible de sentir qui j’étais hier
mes restes de peaux les ai jetés dans une clairière.
J'y ai laissé des plumes
sur lesquelles maintenant s'écoulent
les plus profonds des soupires.
Expirer pour mieux se sentir,
se tirer pour se remplir.
Parce que tu vois fort
que tous les chemins mènent
- à la mort.
Tu oublies spleen l'ancien
et veux bien
laisser les brancards et te lever
vivre dans le présent
sans rendre à César ses Ave.
Dans tous les sens tirée d'idée
comme une bête qui gigote
prise de tête et prise de notes
du sur-place effréné.
Brouillage, décalage
s'emmêler, se débrouiller
on en perd les matières grises
quand soudain sourit
- un filament
on prend le temps de sentir les bises... et les vents.
Se dépêcher, se dépecer
retirer les couches d'années de cocon
se triturer les tripes
arriver au fond
Chatouiller son intimité
flirter avec l'essentiel
se demander comment se déguiser
s'enficher d'être belle.
Émue, et nue, ténue
tu t'es vue tu t'es mue
exténuée, t'as mué
tu t'es mue sans te retourner.
Puisant à la racine de mon être
l'attrait de la terre
il pleut de la folie passagère
l'arrosoir devient la rosée
ma plume goutte aux feuilles d'un cahier.
L'inspiration comme la météo
on y prête attention
que quand on s'ennuie
mais t'es aujourd'hui en tension
qui te poursuivra la nuit.
Cherchant sur une feuille
les précisions de la nature
tu nourris ton orgueil
et ignore les ratures.
Quand on a la mort aux trousses
on finit par courir
Quand on remonte la source
on finit par découvrir
les sillons que la vie a creusés
qui nous ont dirigé
mais si on peut dégager l’eau usée
le flot en nous peut s’y engager.
Quand enfin la vie m'étreint
pas envie de mettre un frein
repousser les craintes
pas finir dans un écrin.
A force de rien n'oser
un relent de nausée.
Sortant des méandres de mes pensées
je m’éveille comme une lente
ayant sucé le suc de ma conscience
gonflée par tant de projets retardés
je me mets en route hésitante
attendant l'éclair d'évidence.
Il y aura toujours des hauts,
il y aura toujours débats
débats internes sans terme
sans t'aimer, ça traîne
t'entraîner, ça t'aimes.
Trouver une rigueur, enfin
une inspiration sans frein
pulsion tempérée, maît-risée
trie-ses idées, repérer
les mots justes, juste les mots
les motivations diverses se rejoignent
joie n'est pas tant l'avant que l'après
prélassée ou lassée - c'est là.
Oppressée par l'envie de vivre
bonheur douloureux
qui me fait me presser
besoin de canaliser ce souffle
de cracher un air, en l'air, l'air de rien
chasser les nuages devant mon poten-tiel
mise au pied du mur je tisse l'étoile de ma pensée.
Qui me pousse aujourd'hui ?
Une certaine aisance ?
Une vaine reconnaissance ?
Me sentir légitime ?
Partager mon intime ?
Mon art solitaire ?
Tant pis si ça fait chenille,
pas facile de monter sur scène
et de dire des ….vers à soi.